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Le Cahier Rouge
Le grenier de ma grand-mère sentait la poussière et le secret. C’est là que je suis tombée sur son cahier rouge, caché sous une pile de nappes en dentelle jaunie. Ce n’était pas un journal, mais un recueil de sensations – des descriptions de la caresse du soleil sur sa nuque un matin d’avril 1952, du goût des premières fraises volées au jardin du voisin, du poids de la main de mon grand-père sur sa taille lors de leur premier bal.
Je l’ai lu d’une traite, le cœur battant. Ma propre vie m’a soudain semblé si… silencieuse. J’enchaînais les rendez-vous Tinder, des conversations polies sur la pluie et le beau temps, des baisers qui goûtaient le vide. Je collectionnais les profils, pas les sensations.
Le cahier rouge m’a appris que le désir n’est pas une destination, mais une attention portée au chemin.
J’ai commencé doucement. D’abord, j’ai acheté des figues mûres au marché et je les ai mangées les doigts collants, les yeux fermés. Ensuite, j’ai marché dans le parc par une nuit de pluie, juste pour sentir l’eau sur mon visage. Chaque geste était une page que j’écrivais pour moi, une tentative de retrouver ce langage oublié du corps.
Un soir, j’ai rencontré Lucas, un pianiste qui préférait le silence aux bavardages. Il m’a regardée non comme un profil à décrypter, mais comme une partition à découvrir. Quand il m’a embrassée, ce n’était pas précipité. C’était une question. Et pour la première fois, j’avais une réponse, écrite non dans un cahier, mais dans chaque fibre de mon être redevenu vivant.
